Littérature

Un si joli nulle part

De Alexis Schaitkin

Hiver 1995. Richard et Ellen Thomas, accompagnés de leurs filles de dix-huit et sept ans, Alison et Claire, partent pour des vacances de rêve dans les Caraïbes. La famille Thomas arrive à quatre. Une semaine plus tard, c’est à trois qu’ils quittent ce si joli nulle part…


Une maîtrise remarquable pour un premier roman. Construit comme un thriller, on découvre page après page le bouleversement que va vivre une famille venue passer des vacances au bout du monde. Comment la quête de vérité va programmer la vie d’une femme, comment la part de mystère vécue va venir tricoter son histoire, l’embellir voire la sublimer… Une montée en puissance progressive et parfaitement dosée dans ce drame raconté avec finesse, sensibilité et perspicacité par cette jeune auteure à suivre assurément.

Cette nuit qui m’a donné le jour

de Frédéric Perrot

Étienne est dévasté par la mort de son père. Un père qui était un exemple pour lui et formait avec sa mère un couple modèle. Depuis trente ans, le jeune homme n’a jamais douté de leur amour réciproque ni de leur fidélité.


Un deuxième roman tout aussi prometteur que son premier. Une belle écriture, simple, efficace et touchante. Pas de thriller cette fois mais un drame. Un jeune homme va réécrire l’histoire de sa vie lorsqu’à la mort de son père il apprend que celui-ci avait une liaison extra conjugale pendant des années… avec un homme. Exit le modèle du couple parental parfait, exit l’image d’Épinal étouffante. On découvre avec lui la vie de son père et son amour impossible, ses secrets, ses questionnements, sa femme et son fils avec qui il a choisi finalement de rester. D’une façon sensible et attachante, on suit cette histoire qui ne ressemble à aucune autre et qui pourtant n’a rien d’extraordinaire. À part peut-être cette poésie, cette folie et surtout cet optimiste, ce bonheur à tout prix qui en émanent. 

Beastars

de Paru ITAGAKI

Point de départ d’une intrigue prenante, l’institut Cherryton où herbivores et carnivores vivent dans une harmonie “de façade”. La consommation de viande y est strictement interdite et les dortoirs sont séparés en fonction des régimes alimentaires. Mais pour des animaux anthropomorphiques, l’instinct est souvent primaire et le drame n’est pas loin. Si l’histoire débute par le meurtre d’un alpaga mettant en effervescence tout le lycée, le reste de l’histoire se concentre sur les relations de Legoshi, un hybride de loup et de varan de Komodo aussi mortel que profondément gentil. Mal à l’aise dans son corps d’ultra prédateur, il tombe amoureux d’une lapine naine qui lui arrive au genou. Entre amitiés improbables, amours impossibles et quête utopique d’égalité, Beastars se laisse lire sans difficulté une fois plongé dans son univers, ce qui m’a pris un peu de temps. La réelle critique de la société et de ses vices cachés exposée dans ce manga prendra fin en juin prochain dans l’ultime volume de cette série.

Le Lac de nulle part

de Pete Fromm

Cela fait bientôt deux ans que Trig et Al, n’ont plus de contact avec leur père. Et voilà qu’il réapparaît dans leur vie et réclame “une dernière aventure”.


Beaucoup aimé. L’histoire de deux jumeaux de 27 ans qui partent avec leur père en canoë sur des lacs au Canada pour raviver leurs souvenirs d’enfance, leurs petits moments de bonheurs… Et puis, tout dérape, le père semble perdu, psychologiquement et physiquement. Une nuit, il disparaît et laisse ses enfants seuls alors que la neige tombe sans interruption et que la glace les emprisonnent. S’ensuit une épopée épique et une survie de chaque instant. Une relecture de leur histoire, des révélations, beaucoup d’amour et de tendresse, une très belle relation entre le frère et la sœur. On est passionné par ce récit réaliste et émouvant. Pete Fromm au meilleur de sa forme.

L’âge d’eau

de Benjamin Flao

Nous sommes en France, l’eau est montée et il n’y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent “à flotter”.


Un texte d’une grande force qui accompagne un trait d’apparence grossière mais qui s’harmonisent magnifiquement. Surtout les quelques planches de peinture qui émaillent la bd, superbes. 
Des personnages hauts en couleurs et terriblement attachants dans ce monde post apocalyptique. Une belle réflexion sur la liberté face à la peur et la sécurité. Un petit bémol cependant avec les élucubrations du fameux chien bleu qui laissent dubitatif…
On attend la suite avec impatience…

REINE ROUGE

De Juan Gómez-Jurado

Antonia Scott est spéciale. Très spéciale. Elle n’est ni flic ni criminologue. Elle n’a jamais porté d’arme ni d’insigne, et pourtant, elle a résolu des dizaines d’affaires criminelles. Avant de tout arrêter.


Premier tome d’une trilogie annoncée. On se laisse embarquer avec beaucoup de plaisir dans cette sombre aventure madrilène. Jon, un flic homo et costaud (mais pas gros, comme nous le précise l’auteur), fait la connaissance de Antonia Scott. Cette dernière a subi des expériences (louches) pour devenir encore plus douée qu’elle ne l’était. Alors qu’elle travaillait dans l’ombre pour le gouvernement, elle décide de tout plaquer suite à un drame personnel.
Jon la persuade de reprendre le flambeau pour débusquer un certain Ezequiel qui enlève et tue des jeunes (tous enfants de personnes très riches). Le duo fonctionne à merveille, suspens et humour sont au rendez-vous pour notre plus grand plaisir.

Ma belle

de Camille Anseaume

L’histoire d’une femme qui est amoureuse d’un homme séparé de son ex (une femme sublime) et a la garde alternée de sa fille de 7 ans, Blanche tout aussi sublime. Louise devient alors LA Belle mère, et l’enfer commence. 

 
Avec originalité et dérision (le récit est émaillé de remarques percutantes sur les contes de fées), l’auteure nous interroge sur ce qui se joue dans les familles et dans la société. Les non dits, les dénis, sur la difficulté d’être une belle mère. La place des femmes, des filles, leurs rôles, leurs obligations d’être belles à tout prix… les rivalités entre elles qui alimentent le processus et puis le rôle des hommes, des pères, leurs manquements, la place qu’ils prennent ou qu’ils ne prennent pas. Allez, un petit extrait pour le plaisir :
“Dans les contes de fées, le prince charmant embrasse la princesse, étendue dans un cercueil. Je ne dis pas que c’est forcément un psychopathe malveillant. Je dis juste qu’il tombe amoureux d’une morte, et qu’il finit par l’embrasser sans son consentement.” 

Malgré tout

De Jordi Lafebre

D’un côté, il y a Ana. Sexagénaire charismatique, ancienne maire tout juste retraitée, mariée et maman. De l’autre, il y a Zeno. Célibataire endurci, libraire proche de la retraite et doctorant en physique qui aura mis quarante ans pour terminer sa thèse.


Coup de foudre pour cette BD espagnole lumineuse et enchanteresse ! Une très belle histoire d’amour relatée d’une façon très originale. On commence par la fin et chapitre après chapitre jusqu’au premier, on découvre nos héros rajeunissants et venant éclairer les questions que nous nous posons dans ce récit atypique. Apothéose au dernier chapitre qui se lit à l’envers également. On ne résiste pas, bien sûr, à refaire le chemin inverse tant les personnages nous ont émus.

librairie un point un trait

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