Je sais seulement que cela fut. Que ces deux bouches un jour de printemps s’embrassèrent. Que ces deux corps se prirent. Je sais que Malusci et cette femme s’aimèrent (…) Je sais que de ce plaisir naquit un enfant, qui vit toujours, là-bas, près du lac. Et que ce livre est comme un livre vers lui.
L’auteur part à la recherche de M. l’enfant bâtard du côté de son grand-père. Ce dernier, soldat français, a eu une liaison avec une Allemande et aura un fils qu’il reniera.
Par petites touches, lentement mais résolument, l’auteur remonte l’histoire de ses grands-parents et déroule la pelote du passé. Il se heurte au silence, au déni, à l’oubli et surtout à la menace de la grand-mère. Une aide inattendue vient le bousculer et le relance dans sa quête, ancrage salutaire car en parallèle, il se sépare de sa compagne et mère de ses deux enfants.
Avec une écriture simple et juste, Sylvain Prudhomme nous livre une introspection émouvante et très touchante.
“Remonter sa lignée familiale comme on le ferait d’un fleuve. Alluvions, sédiments,assèchements… de qui sommes-nous faits ? De quels paysages, de quelles histoires individuelles et collectives ? Et qui nous raconte, nous, gens ordinaires ?”
Presque deux siècles d’une fresque familiale tumultueuse, où l’histoire des petites gens est enchevêtrée à la grande, les guerres, les inégalités et les injustices sociales.
Ce texte est porté par une écriture singulière et créative, profonde et poétique.
On est embarqué dans ce roman comme dans le flux de l’eau, impossible de ne pas tourner la page !
On se laisse porter par la rage de vivre de ces gens ordinaires, résolus à vivre leur propre vie.
Premier roman de cette autrice, mais pas le premier texte, je vous conseille aussi vivement son dernier recueil de poésie “Moujik Moujik” !
Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer.
Énorme coup de cœur !
Un récit intelligent, poétique, romanesque. L’auteur parvient à faire ressortir les jolies choses dans un monde d’horreur, à faire vibrer les personnages, à les rendre superbes même quand ils se dirigent inéluctablement vers la mort. Le personnage principal, qui a perdu l’amour de sa vie et sa main gauche, va pendant 10 ans rechercher un couple d’amants maudits, Émile et Lucie. Il va vivre avec nous un chassé-croisé dramatique jusqu’au dénouement bouleversant.
Brésil, fin des années 80. Pedro, un jeune garçon taiseux, apprend la mort d’Ivo et se lance alors sur la trace de son dernier périple, sur les routes du Nordeste. Allant d’indice en indice, l’amour et l’amitié s’invitent bientôt au voyage.
Nous suivons le parcours de Pedro qui, à la recherche de son passé, de son histoire, va vivre des journées intenses, des rencontres chargées d’émotions. Véritable parcours initiatique pour Pedro qui va s’interroger, douter et cheminer. En parallèle, nous découvrons Ivo le vieux mécanicien qui n’a jamais su rester sur place et a passé sa vie sur les routes. Mais, cette fois-ci, il semble déterminer à clôturer sa transhumance.
De très belles planches aux couleurs pastel accompagnent les pérégrinations de chacun. Une réussite.
De mes premiers jours à l’hôpital du camp, je n’ai qu’un souvenir. Un homme s’adressa à quelqu’un à côté de moi : “Elle a dû déguster, celle-là… Les FPR l’ont récupérée sur une route… elle courait à moitié nue…” Je ressentis un grand calme avant de me rendormir. “Ils savent… Ils savent…”
Uppercut. L’histoire d’une rescapée Tutsie du massacre de 1994 au Rwanda qui écrit à son mari 28 ans après les faits. Elle vit en Suisse, a eu quatre enfants et n’a jamais pu raconter à son mari ce qu’elle avait vécu. Directeur d’une ONG, il tombe amoureux de cette jeune femme de 17 ans retrouvée errante au bord de la route. Il va rester à son chevet tous les jours jusqu’à la rapatrier dans son pays et l’épouser. Par bribes, Magnifique (c’est le prénom de cette femme qui porte bien son nom) va nous raconter l’abomination, l’indicible avec pudeur et dignité. L’auteur revient sur ces faits de très belle façon, comme un conte horrifique et nous interroge sur comment tout cela a pu être possible. Les différents points de vue, les enjeux politiques, militaires… Ça fait froid dans le dos et on se dit que décidément l’être humain n’est pas beau à voir.
“C’était il y a tout juste un an. Une famille a disparu, là où personne ne disparaissait jamais. On m’a chargée de l’enquête, et ce que j’ai découvert au fil des semaines a ébranlé toutes mes certitudes.”
Un monde du futur, mais pas si lointain, un monde glaçant et réaliste où les maisons sont transparentes afin d’éviter les violences cachées. La sphère privée n’existe plus, chacun voit l’autre et le contrôle. La criminalité est au plus bas, les policiers sont devenus des “gardiens de protection” mais peu à peu d’autres violences sournoises et perverses viennent s’installer. Hélène, une ex-commissaire de police va enquêter sur la disparition mystérieuse de toute une famille et va au fur et à mesure de ses recherches nous dévoiler les dessous d’une société qui a perdu son âme.
Deux étudiants se rencontrent sur les bancs de AgroParisTech. Angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, ils veulent changer le monde ! Kevin, fils d’ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l’uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, issu de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale.
Du bocage normand à la Silicon Valley, des cellules anarchistes aux salons ministériels, l’auteur raconte le mépris de classe, la promesse de progrès et l’insurrection écologique, amour impossible et désespoir héroïque… Une histoire de terre et d’hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste.
Un roman palpitant jusqu’à la dernière phrase, une magnifique histoire d’amitié avec en prime une bonne dose de pédagogie, on en apprend beaucoup sur les vers de terre qui pourraient bien sauver le monde !
Ce livre est celui d’un paysage de pierres, de rivières et d’ombrages, celui d’une colline abîmée par la cupidité d’un homme, un notaire sans scrupule qui en ces lieux ouvre la porte à toutes les bassesses. Mais dans cette colline s’élève une voix,celle de la rébellion des femmes dont le corps est la cible de toutes les offenses, dont le courage a la puissance d’un poème.
Dans ce roman choral, la Veilleuse sera le témoin et la mémoire des femmes de ce bout de terre en Haïti. De Gala, héroïne qui gardera le silence même sous la torture, Sirène, la reine du Carnaval, Victoire l’infirmière qui perdra son sourire, Béa la maîtresse d’école dévouée à ses élèves et qui aime les femmes…
Lyonel Trouillot nous offre, encore une fois, un sublime texte sur l’histoire de son pays, une fable flamboyante dont les amoureux des mots et de la belle littérature se régaleront !

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